Que fait un futurologue ?
Catherine van Holder
Âge :
39 ans
Fonction :
Futurologue ou ‘exploratrice du futur’ chez Pantopicon à Anvers
Depuis :
environ 3,5 ans
Emploi précédent :
futurologue chez CIFS (Copenhagen Institute for Future Studies), nomade/exploratrice appliquée du futur
Formation :
Master en philosophie
Qu’est-ce que les gens pensent que vous faites quand ils entendent votre titre de fonction ?
« Beaucoup de gens me regardent bizarrement ou me demandent si je peux voir l’avenir dans une boule de cristal. Cette réaction illustre tout à fait l’un des plus grands malentendus à propos de ce job, à savoir que les futurologues prédisent l’avenir et que nous faisons bien notre travail uniquement si cette prédiction se réalise. Il est absolument impossible de prédire l’avenir parce qu’un évènement – il est vrai très important – tel que l’élection du président des États-Unis peut déjà créer un tout autre monde. De plus, de nombreux autres développements entrent en ligne de compte, dont certains qui ont un degré de prévisibilité, mais d’autres sont très incertains. C’est pourquoi nous parlons des futurs, et non du futur. Vous pouvez explorer ces futurs afin d’en faire quelque chose, mais vous ne pouvez donc pas les prédire. »
En quoi consiste précisément votre travail ?
« À le rendre accessible aux gens, je dis souvent que je fais la même chose qu’un historien, mais en me concentrant sur l’avenir. Je ne suis donc pas non plus une observatrice des tendances, comme beaucoup de gens pensent. Un trendwatcher regarde plutôt à court terme et est souvent lié au marketing, tandis que nous observons les systèmes et les évolutions sur le long terme. Un exemple : pour l’Université de Maastricht, nous avons examiné les développements futurs au niveau de la médecine, des systèmes de soins de santé, de la société, etc. L’université se demandait comment ils pourraient y faire correspondre leur programme d’études, parce que si vous entamez une formation médicale aujourd’hui, vous ne serez diplômé que dans environ dix ans. C’est pourquoi il est utile d’anticiper déjà maintenant ce à quoi le monde pourrait ressembler. »
« Je ne suis pas spécialisée dans un domaine particulier, mais bien dans la pensée systémique et l’avenir. Les développements comme la numérisation ont par exemple une influence dans quasi tous les domaines : les soins, l’alimentation, la gestion,… »
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
« Je ne l’ai pas choisi, c’est tout simplement comme si c’est ce que je suis, ce que je dois faire. J’appelle cela : jouer dans ma tête. Il faut être créatif avec des choses intellectuelles, c’est un lieu de rencontre pour la créativité et l’analyse. Il faut analyser des systèmes, mais en même temps vous créez un monde où vous imaginez que tous ces systèmes cohabitent. Tout ce que j’aime faire se retrouve dans ce job. »
Comment êtes-vous arrivée dans cette fonction ?
« Après avoir fait différents autres jobs – notamment dans le design d’intérieur et les nouveaux médias & la communication – je suis partie en voyage pour un an en 2010. À cette période, j’ai décidé de devenir futurologue. Durant cette année, j’ai pu prendre le temps de beaucoup lire et de me former en autodidacte. Lorsque je voyais une opportunité d’approfondir le sujet, je fonçais. Je fus par exemple souvent invitée en tant que nomade à participer à des brainstormings créatifs et j’ai donné des conférences. Mon histoire de nomade digitale a évolué vers une histoire de société en transition. Je me suis donc développée dans le domaine de manière organique et je suis entrée en contact avec Pantopicon. Un peu plus tard, ils m’ont conviée à un entretien et ils m’ont proposé un job. »
Pouvez-vous nous révéler quelque chose que peu de gens savent à propos de votre job ?
« Vous voyez rarement ou jamais d’offre d’emploi pour un futurologue, mais quelques entreprises et instances publiques ont pourtant bien des futurologues en service. La Communauté européenne par exemple, ou de grandes entreprises telles que Disney ou Shell. À Gand également, Digipolis a créé un petit groupe de prévisionnistes. »
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Quel doit être votre talent en tant que futurologue ?
« Il faut être un bon penseur de systèmes, avoir une curiosité incroyablement grande et étendue, être bon dans la reconnaissance d’habitudes, et combiner la pensée analytique et logique à la créativité. En bref, vous devez être un généraliste qui est mordu par tout et n’importe quoi. »
Quels aspects sont moins intéressants ou moins agréables à faire ?
« En tant que futurologue, Il est très important de parcourir tous les processus d’avenir avec les clients, afin de créer une base. Je trouve cela parfois frustrant, parce que j’aime développer immédiatement des idées. En tant que futurologue, on travaille dans le cadre d’une certaine réalité, sur laquelle on a parfois peu d’impact. Vous pouvez par exemple repenser complètement le système politique, mais vous ne pouvez pas juste l’implémenter, vite fait. J’aide des personnes à innover et à se préparer à ce qui arrive, alors que j’aimerais parfois que ce soit déjà ainsi. »
Que vouliez-vous devenir quand vous étiez jeune ? Et en quoi votre job actuel y correspond ?
« En 6ème année, je voulais devenir avocate, bien que c’était peut-être surtout mes parents qui le souhaitaient. Le journalisme a aussi été une option pendant un temps. En vieillissant un peu, j’ai hésité entre le cinéma, le design et la philosophie. Je devais aller à l’université de mes parents. Toutes ces choses reviennent dans ce que je fais maintenant. J’applique l’approche conceptuelle et la pensée systémique en tant que futurologue. Et le travail de scénariste apparaît un peu lorsque j’élabore des scénarios pour l’avenir. »
Travaillez-vous dans une équipe, comment est-ce organisé ? Et quelle est votre place au sein de l’organisation ?
« Nous sommes cinq collaborateurs fixes chez Pantopicon – dont les deux fondateurs – et quelques freelances, ayant tous un profil différent. Nous donnons les formations et les conférences individuellement; au niveau des projets, nous travaillons en équipe de deux, trois ou quatre personnes. Il y a un project leader pour chaque projet, mais ce peut être une personne différente à chaque fois. La composition de l’équipe varie également en fonction du projet. Il y a en réalité peu de hiérarchie. »
À quel niveau de salaire peut-on s’attendre dans ce job ?
« On peut le comparer à un job dans la recherche et le développement. Nous sommes une entreprise ‘écologique’, les collaborateurs reçoivent donc un abonnement de train et des cartes Blue-bike. Je bénéficie également d’un GSM avec abonnement, d’un PC portable, et un lunch d’entreprise est prévu le midi. Ce sont souvent des sandwichs ou alors, nous passons une commande via Deliveroo. »
Votre job vous permet-il d’avoir un bon équilibre vie privée-vie professionnelle ?
« On nous demande beaucoup, mais il y a en contrepartie une grande flexibilité. Je suis parfois déjà à 6h du matin derrière mon ordinateur ou bien je suis encore occupée à 22h30. Si je veux de temps en temps travailler de la maison, ce n’est jamais un problème. Idem pour les jours de congé, je ne dois pas les demander. Le travail doit bien entendu être fait, et la plupart du temps, je reste disponible pendant mes vacances. Je répondrai par exemple aux e-mails urgents. Je travaille en fait un peu comme un intrapreneur : un entrepreneur indépendant au sein de l’entreprise. »
Quel est votre rêve d’avenir au niveau professionnel ?
« Dans un avenir proche, j’aimerais approfondir un peu plus les choses, tant au niveau du contenu que de la méthodologie. C’est pourquoi je souhaite combiner un doctorat à mon job. Et à long terme ? Écrire quelque chose ou faire quelque chose – quoique je le fasse déjà aujourd’hui. Encore à l’occasion améliorer une exposition, comme je l’ai déjà fait il y a peu avec le MAS, me tente aussi. Et continuer à retirer de la satisfaction de ce que je fais, qu’importe ce dont il s’agit. »
Quel est le meilleur conseil de carrière que vous puissiez donner aux autres ?
« À partir du moment où j’ai commencé à prendre des décisions en fonction de ma propre personnalité et de mes motivations – plutôt qu’en fonction de ce que la société, ma famille ou quiconque attendait de moi – tout est devenu bien plus facile pour moi. Non pas que je ne devais pas travailler dur ou que les choses allaient nécessairement très vite, mais tout a davantage bougé, il y a eu soudain des opportunités. Mon avis est donc le suivant : choisissez en fonction de vous-même. »
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